Exclusif CNRS : « Redéfinir notre politique IST, remettre l’Inist sous la responsabilité de la Dist »
Antoine Petit, P-DG du CNRS, déclare le 20/06/2018 à News Tank :« Il me semble que le problème fondamental de l’Inist vient du fait que le CNRS se doit d’avoir une politique IST (information scientifique et technique) mieux définie et mieux partagée, qui prévoit le rôle de l’Inist, du CCSD et des différentes structures qui s’occupent d’IST. Aujourd’hui, en 2018, cette politique ne peut pas être la même que celle d’il y a 15 ans, et tant qu’on ne l’aura pas redéfinie, le reste c’est mettre la charrue avant les bœufs », Selon lui, « aujourd’hui, la période n’est pas totalement favorable » :
• « Nous n’avons pas de Dist depuis le départ de Renaud Fabre en août 2017 ;
• ni de directrice de l’Inist à partir du départ de Dominique Wolf à compter du 01/09/2018 », annonce-t-il.
« Mais je ne comprends pas comment il pourrait y avoir un Inist d’un côté et une Dist de l’autre. Je remettrai donc le premier sous la responsabilité de la deuxième. »
En outre, « nous visons fin 2018, voire le premier semestre 2019, pour redéfinir cette politique d’IST, le temps de trouver un ou une nouvelle Dist pour nous aider dans cette mission. »
« Nous sommes par ailleurs dans une phase où il a été demandé au CNRS d’être associé à la CPU pour les négociations que Couperin va mener avec les éditeurs. Je suis convaincu que nous sommes à l’aube d’une révolution en ce qui concerne l’édition scientifique, et que les grands organismes européens, en particulier le CNRS, doivent prendre le lead pour mettre sur pied petit à petit un nouveau système d’édition scientifique basé sur l’open access, et où le nom de la revue ne serait plus qu’un label de qualité », souligne encore Antoine Petit.
Changements à la tête de l’Inist et de la Dist
Inist : départ de Dominique Wolf à compter du 01/09/2018
Après le départ de Dominique Wolf à compter du 01/09/2018, l’intérim de la direction de l’Inist « sera assuré par son adjointe Chantal François en attendant la publication d’un appel à candidatures », précise Antoine Petit à News Tank.
Dominique Wolf, conservatrice générale des bibliothèques en détachement au CNRS, est directrice de l’Inist depuis le 01/06/2016.
Dist : un appel à candidatures ouvert jusqu’au 13/07/2018
Laurence El Khouri, auparavant directrice adjointe de l’IST, assure actuellement l’intérim depuis le départ de Renaud Fabre en août 2017, dont le contrat était arrivé à échéance.
Un appel à candidatures pour les fonctions de directeur ou directrice de l’IST du CNRS a été publié le 21/05/2018 et est ouvert jusqu’au 13/07/2018.
« La date souhaitée de prise de fonction est fixée au 07/09/2018, mais pourra être décalée le cas échéant », précise l’organisme.
Antoine Petit « a confié à un comité de personnalités présidé par Paul Indelicato, conseiller recherche auprès de la CPU, la mission de présélectionner et d’auditionner les candidats ; le comité pourra également, s’il le souhaite, susciter des candidatures qui devront être déposées dans le délai imparti ».
Les candidats à la fonction « devront proposer un projet ambitieux pour l’IST du CNRS résolument orienté vers la science ouverte intégrant l’ensemble des équipes et des unités de service placées sous la responsabilité de la Dist, mais aussi du tissu des unités de l’ESR spécialisées en IST », détaille le CNRS.
Construction d’un nouveau système d’édition scientifique
Antoine Petit identifie deux difficultés à prendre en compte dans la construction d’un nouveau système d’édition scientifique ne dépendant pas des grands éditeurs privés.
- « Il reste une difficulté mineure, mais réelle : des personnes seront tout de même nécessaires dans l’organisation du processus de publication, pour transmettre le préprint au comité scientifique de la revue ou le relancer, par exemple. Ce sera un coût sans commune mesure avec ce qui existe actuellement, mais il ne faut pas le négliger. Ce coût pourrait être pris en charge par la communauté scientifique via les organismes de recherche et les universités. »
- « Il existe aussi une deuxième difficulté : un certain nombre de communautés scientifiques ne jurent aujourd’hui que par le facteur d’impact. Demain, si vous prenez le conseil scientifique de la meilleure revue, et que vous créez une autre revue avec ce même conseil, le facteur d’impact disparaîtra, mais la qualité scientifique demeurera. Cette phase de transition ne sera pas simple, mais il faut que les communautés scientifiques comprennent que c’est de leur responsabilité. »
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