[Portrait Inist] Anaël KREMER
Anaël Kremer a rejoint notre unité le 1 juillet 2021 pour 1 an, découvrez sa présentation.
Anaël, tu as rejoint l’Inist depuis le 1 juillet quel est ton poste, ton service et ton département de rattachement ?
J’occupe le poste de chargé de l’enquête APC (Article Processing Charges) dirigée par Christine Weil-Miko. J’évolue au sein du service « Négociations & acquisitions » de Catherine Fournier et donc dans le département « Accéder à l’information scientifique » dirigé par Michèle Bonthoux.
Peux-tu expliquer la mission qui t’est confiée ?
Cette enquête s’inscrit dans le projet « science ouverte » et consiste à identifier, puis analyser, les données relatives aux dépenses de frais de publications. Il convient donc dans un premier temps d’identifier quelles dépenses dépendent ou non de frais de publications dans des revues scientifiques. Par la suite, il faudra recueillir toutes les informations relatives aux publications : auteur, discipline, titre de l’article, nom de la revue, laboratoire, facture etc.
Cela permettra d’avoir une vision d’ensemble sur ces dépenses et de pouvoir mesurer leur évolution dans le secteur de la publication scientifique qui est en pleine mutation.
Anaël, quel est ton parcours de formation et quelles sont tes expériences professionnelles antérieures ?
Mon parcours de formation n’a pas vraiment de logique, pas plus que mes expériences professionnelles d’ailleurs. Pourtant, il existe bel et bien un fil directeur qui relie toutes ces étapes de ma vie. Je ne l’ai découvert que très récemment et pour comprendre mon parcours, et surtout pour me présenter à mes collègues, je pense qu’il est nécessaire de dévoiler une partie de ma personne, car cela explique (presque) tout a posteriori.
J’ai été diagnostiqué, au début de l’année 2020, autiste Asperger. Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental qui appartient aux Troubles du Spectre Autistique. Le syndrome d’Asperger se distingue des autres formes d’autisme par l’absence de déficit intellectuel et de retard dans l’apparition du langage. Pour le reste, il est difficile d’en donner une définition précise tant il existe de cas différents. Pour faire simple, ses caractéristiques principales sont des difficultés dans les interactions sociales, développement d’intérêts bien spécifiques, troubles au niveau des perceptions sensorielles etc.
Pour en revenir à mon parcours donc, après un baccalauréat ES en 2005 et ne sachant que faire, je m’oriente vers une licence en Administration Economique et Sociale à Nancy. Je décroche dès la deuxième année, les disciplines étudiées ne m’intéressant plus du tout et les débouchés non plus, je ne me sens pas du tout à ma place. Je débute donc une licence d’histoire, avec pour seul motif le fait d’avoir eu en 1ère année d’AES un professeur brillant et passionnant. Malheureusement, je ne retrouverai pas ce même engouement et vais rapidement décrocher aussi. Je fais le strict minimum pour avoir ma Licence, même si je n’ai aucune idée de ce que je pourrai en faire par la suite.
En 2010, je rejoins un petit label de musique indépendant pour « donner un coup de main » de façon bénévole. Etant aussi passionné de littérature, je m’inscris à la rentrée en école préparatoire aux concours des métiers du livre à l’IUT Charlemagne. Et puisqu’il faut bien gagner sa vie, je commence également à travailler dans un hypermarché. Au final, l’école se passe à peu près aussi mal que ma scolarité en général. Je n’arrive pas à m’intégrer, ne me sens pas à ma place, je déserte les dernières semaines de cours et passe les concours sans grande conviction… De son côté, le label se porte bien. Nous en faisons donc une société dont je deviens actionnaire et directeur commercial. Dans le même temps, l’hypermarché ouvre un service drive et me propose un CDI, que j’accepte. En 2012, des problèmes de santé vont me contraindre à prendre du recul pendant plusieurs mois. Je réalise que je ne pourrai pas longtemps cumuler un emploi à 6 jours sur 7 et une casquette de directeur commercial. J’opte donc, non sans regrets, pour l’assurance d’un emploi stable.
J’aurai tenu presque huit ans à ce poste. Je ne l’ai compris qu’une fois mon diagnostic en main, mais tous les éléments étaient en fait réunis pour que ça explose tôt ou tard. De nombreux autistes ont une sensibilité exacerbée à leur environnement, ce qui est mon cas. Le fait de travailler dans une grande surface, avec uniquement de la lumière artificielle, beaucoup de public, de brouhaha, de la musique toute la journée mais aussi de nombreux échanges (pas toujours courtois) avec les clients sont autant de choses que j’aurais dû éviter. Ajoutez à cela que c’est un travail extrêmement irrégulier, or ce sont les routines et la possibilité de planifier les choses qui peuvent faire baisser le niveau d’anxiété chez les autistes…
Je fais donc un burn out en début 2020, quelques jours à peine avant d’être diagnostiqué autiste Asperger. Aujourd’hui je peux dire que c’est une des meilleures choses qui me soient arrivées. Cela m’a permis de me comprendre d’abord (car ça fait bizarre de « découvrir » qui l’on est à 33 ans !) et de pouvoir assembler toutes les pièces du puzzle ensuite. Profitant de cette période de repos forcé, j’ai fait un bilan de compétence avec l’espoir que quelque chose en ressortirait et que je pourrais peut-être trouver une voie dans laquelle m’épanouir. Il s’avère que les tests de personnalité et de compétences ont tous deux donnés les mêmes résultats, une très large domination des métiers de l’enseignement et de la recherche. Et pas loin derrière, enquêteur ou détective privé, comme quoi je ne suis pas trop mal tombé !
Anaël, quelle a été ta motivation pour postuler sur ce CDD ?
Je n’ai pas postulé pour ce poste en particulier. J’ai envoyé une candidature spontanée à l’Inist. A l’issue de mon bilan de compétences, j’avais défini comme priorité de trouver un emploi dans un domaine que je trouve utile selon mes critères. Et travailler dans une structure œuvrant à la valorisation et la diffusion de la science me parlait complètement. C’est comme cela que je me suis retrouvé à postuler officiellement, par la suite, au poste de chargé de l’enquête APC. Par curiosité personnelle j’ai quelques connaissances sur le monde de la publication scientifique et de ses problématiques, cela m’a donc d’autant plus motivé !
J’espère pouvoir m’insérer au mieux au sein de l’Inist et de pouvoir contribuer, à mon petit niveau, au développement de la science ouverte.
Et enfin ton portrait chinois
- Si j’étais un langage… je serais crypté
- Si j’étais un objet… je serais sans doute perdu
- Si j’étais un son… je serais « le silence éternel de ces espaces infinis »
- Si j’étais un moyen de transport… je serais un vélo
- Si j’étais un gâteau… je serais un Paris-Brest (plus sympa à manger qu’à faire à vélo)
- Si j’étais un personnage… je serais Bardamu (Le voyage au bout de la nuit)
- Si j’étais un instrument de musique… je serais un piano
- Si j’étais un moyen de communication… je serais une lettre manuscrite
- Si j’étais une source d’énergie… je serais le magnétisme
Bienvenue parmi nous, Anaël