Le CNRS ouvre les résultats de la science
Le CNRS œuvre pour une recherche plus ouverte, notamment sur l’accès aux publications scientifiques. Cette stratégie s’accélère et s’est élargie en 2020 avec la mise en place de la Direction des données ouvertes de la recherche (DDOR). Le point sur les ambitions de l’organisme.
67 %. C’est le taux de résultats scientifiques publiés en 2019 dans les laboratoires du CNRS qui sont en accès ouvert en 2021. « Nous visons toujours l’objectif de 100 % présenté il y a un peu plus d’un an dans la feuille de route Science Ouverte du CNRS », assure Sylvie Rousset, directrice de la nouvelle Direction des données ouvertes de la recherche. La progression est « importante » puisque le taux était de 49 % pour les résultats (hors SHS) publiés en 20171, et 59 % pour les SHS (voir infographie). La politique pour la Science Ouverte menée par la Direction générale déléguée à la science (DGDS) du CNRS « porte donc ses fruits », notamment au sujet de l’archivage pérenne des publications dans les archives ouvertes.
Des actions pour les publications ouvertes
Avec 1000 laboratoires en partenariat avec d’autres organismes de recherche, des universités ou des écoles, la production scientifique du CNRS représente « une grande part de la production française (au moins 40 %) », recense Sylvie Rousset. Favoriser l’accès ouvert de cette production aurait alors un « effet d’entraînement sur l’ensemble du territoire national ». Dès 2019, la DGDS a donc entrepris des actions pour impulser et renforcer le « partage de la connaissance scientifique ». C’est le cas, par exemple, de l’obligation de dépôt dans HAL, l’archive ouverte créée par le CNRS en 2001, des articles que les scientifiques désirent inclure dans leur compte-rendu annuel2 (le CRAC), d’abord sous forme de notice puis en texte intégral depuis 2020. Aujourd’hui, plus de 90 % des publications en accès ouvert du CNRS le sont via des archives ouvertes et 7 chercheurs et chercheuses sur 10 ont demandé un identifiant pour déposer des articles dans ces archives.
Le CNRS soutient également des initiatives pour la diversité des publications en accès ouvert, hors archives. Ainsi, avec l’Université Grenoble Alpes, il a financé la publication désormais ouverte des Comptes rendus de l’Académie des sciences, jusque-là publiés par l’éditeur Elsevier. La création d’autres revues est en réflexion sur le même modèle et l’organisme entend également reconnaître et encourager l’utilisation de preprints, ces articles disponibles en ligne mais non encore soumis à des revues scientifiques avec relecture par les pairs3 : « la publication de preprints sur un serveur permet de prendre date d’une découverte, tout en rendant le résultat scientifique immédiatement accessible », explique Sylvie Rousset, rappelant que ces publications, qui ont été souvent dynamisées par la pandémie de Covid-19, peuvent désormais être incluses dans le CRAC.
Partager aussi les données de la recherche
Au-delà des publications, le CNRS s’est attaqué aux données de la recherche. Un « autre défi » : plus de 60 % des laboratoires produisent des données de la recherche sans pour autant avoir nécessairement une stratégie de stockage à long terme des données produites. Alors que les centres de calcul nationaux, dans lesquels l’organisme est fortement engagé, tels l’IDRIS4 qui héberge le calculateur Jean Zay, ont les capacités et les compétences pour gérer et stocker les « big data » qu’ils produisent ou qui sont issues d’expériences internationales, « il ne reste plus qu’un pas à faire » pour aller vers ces « petites » données, « quotidiennement perdues » et pourtant indispensables à la compréhension des publications.