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#2 L’Inist à l’International : Jean-François Nominé et Knowledge Exchange

Vous ne le savez peut-être pas, mais l’Inist contribue à de nombreux projets internationaux ! La série d’articles qui va suivre est l’occasion de mettre en lumière des partenariats, des collaborations et la place de l’Inist dans l’écosystème international de la recherche et plus particulièrement dans l’écosystème technique FAIR des données.

Dans ce second article sur l’Inist à l’International, découvrez les missions de Jean-François Nominé, membre du service traduction, qui est impliqué dans Knowledge Exchange.

Pouvez-vous nous présenter Knowledge Exchange ? Son organisation ? Ses missions ?

Knowledge Exchange est un partenariat entre six organisations représentatives en lien avec la recherche, des infrastructures, un financeur et un opérateur de recherche.

Les infrastructures sont représentées par le JISC britannique, SWIFT, le néerlandais, DEIC, le danois et le CSC finlandais qui à l’échelle de leur pays ont à peu près le même cadre de missions. Le financeur est la DFG, organisation allemande homologue de l’ANR et l’opérateur de recherche est le CNRS.

Un nouveau partenariat a été signé pour quatre ans, jusqu’à 2026. Depuis quelques années, les organisations qui en font partie ont pour préoccupation commune d’étudier les moyens d’avancer vers une ouverture des résultats scientifiques et de la pratique de la recherche.

Pour cela, ils étudient des questions propres à ce sujet qui peuvent toucher l’édition, la diffusion des données, la pratique des principes FAIR, l’évaluation de la recherche… C’est-à-dire tout ce qui peut pragmatiquement encourager la pratique de la Science ouverte dans les organisations et par les acteurs. Pour Knowledge Exchange les acteurs sont divisés en 3 catégories :

  1. Les « décideurs », qui peuvent être de haut niveau, selon les modes d’organisations des pays d’où proviennent les membres de ce partenariat ;
  2. Les institutions de la recherche, comme les universités ou nos EPST ;
  3. Les chercheurs.

Les thématiques de travail sont définies lors de forums stratégiques qui fixent les axes pour des périodes de trois ans jusqu’ici, et désormais pour quatre ans à partir de 2022. La mise en œuvre de ces axes fait ensuite l’objet de discussions exploratoires puis opérationnelles avec des experts dans les six pays des organismes membres. Ceux-ci sont les véritables guides de toutes les actions entreprises, car ils sont les témoins des besoins et des enjeux vécus sur le terrain dans ces pays tout en ayant une vision approfondie des sujets traités.

Le but est aussi de faire remonter chacun chez lui, comme en commun au niveau européen des préconisations, recommandations, des questions névralgiques qui doivent inspirer des décisions, programmes qui peuvent tous les concerner.

Expertise et dénominateur commun sont le fil rouge, chacun gardant pour autant sa liberté d’agir et de tirer pour son compte les conclusions qui vont guider sa politique propre.

Pourquoi et comment avez-vous été choisi ? Et quel est votre rôle au sein de l’organisation ? 

Un membre de la DIST en 2017 m’a proposé de remplacer un ancien collègue de l’Inist, Herbert Grüttemeier que beaucoup de collègues de notre unité ont bien connu, qui partait prochainement à la retraite. J’avais quelques notions de certains domaines en lien avec l’Accès ouvert et m’intéressait à l’édition. J’ai donc repris le relais en mai 2018. Je consacre à cela 40 % de mon temps de travail.

Je fais partie d’une équipe appelée, dans le jargon interne, le Knowledge Exchange Group, ou KEG. Nous sommes six « KEGies » (un par organisme). Notre rôle est de mettre en œuvre et animer les contributions des experts dans des réunions de consultations ou dans l’organisation d’activités thématiquement finalisées. Par exemple, j’anime actuellement avec un collègue du Jisc britannique un groupe de travail sur la transition des petits éditeurs vers l’Accès ouvert. Le but est de caractériser les points de difficultés concrètes et les remèdes possibles pour pareille transition. En ce moment, il s’agit de monter une étude bibliométrique pour définir la population de maisons d’édition concernées par ce type de difficultés et les étapes qu’elles seraient censées négocier et qui sont problématiques pour leur viabilité. Je co-anime avec une collègue danoise un groupe sur les logiciels et les données FAIR et la reproductibilité de la recherche. Précédemment, les thèmes de groupes de travail clos ont pu être les monographies en Accès ouvert, des cas d’usages de prestations de service en Science ouverte, les composantes et les caractéristiques de mécanismes d’évaluation promotrices de la pratique de la Science ouverte.

Avez-vous des exemples de réalisations produites par les Knowledge Exchange Group ?

Les actions menées donnent lieu au bout de plusieurs mois de travail à des rapports et des séminaires intermédiaires ou finals qui sont diffusés sur le site de Knowledge Exchange (https://www.knowledge-exchange.info/) et accompagnés par une campagne de communication, notamment par le compte Twitter (Knowledge Exchange@knowexchange).

Il y a un autre élément de philosophie important : échanger sur les pratiques des uns et des autres, leur perception d’une question d’actualité, les enjeux qu’ils y voient. Pour illustrer, des réunions d’échange peuvent se tenir sur la mise en place de l’infrastructure EOSC, sur la problématique du pistage numérique des chercheurs sur les plateformes de service qui leur sont proposées par des prestataires commerciaux, etc. Ces échanges ne sont pas formalisés dans des livrables, mais servent à éclairer la vision des uns et des autres selon les besoins ressentis.

Comment se font les échanges avec le CNRS ? Et quels sont les impacts pour le CNRS ?

Je travaille avec Serge Bauin de la DDOR qui la représente dans le pilotage opérationnel de KE, avec ses cinq autres homologues des autres organismes. Annuellement, nous échangeons avec Sylvie Rousset ou Laurence El Khouri sur des points stratégiques ou sur des échanges de points de vue en préparation dans KE. Une discussion annuelle intéressante se produit aussi avec le coordinateur général de Knowledge Exchange qui vient faire un bilan avec les trois représentants du CNRS, comme de chacun des organismes.

Plus collectivement, en novembre 2021, Knowledge Exchange a été invité à présenter les résultats de ses travaux sur l’évaluation de la recherche lors de la journée Science ouverte du CNRS. Sinon, le coordinateur de Knowledge Exchange a aussi été invité à faire présentation du partenariat devant le Secrétariat permanent de la Science ouverte (SpSO) du CoSO. Plus globalement, de nombreux experts CNRS, comme d’autres organismes de l’ESR sont sollicités pour leurs connaissances par l’intermédiaire des membres CNRS de Knowledge Exchange.

Quel est l’impact pour l’Inist ? Et quels bénéfices personnels tirez-vous de la participation à un groupe international ?

Je crois que Knowledge Exchange est une fenêtre bien proportionnée sur ce qui se passe à l’international en lien avec la science ouverte et ce qui s’imagine comme service au chercheur, même si d’autres sources d’importance nourrissent aussi ses positions en parallèle. N’oublions pas que dans notre organisme ce sont les scientifiques qui forment la population décisive.

Etant linguiste, angliciste, j’apprécie les interactions avec des personnes d’autres cultures et le fait d’échanger dans une autre langue que la mienne. De plus, cela permet d’identifier des sujets qui y sont développés et qui peuvent être portés vers des communautés en langue française par le biais de traductions partielles ou intégrales. Enfin, comme c’est le cas avec d’autres activités de notre maison, le relationnel de notre unité s’étoffe aussi par rebonds de manière tangible.

Sinon, pendant la période COVID, ce collectif n’a pas été trop affecté dans son fonctionnement et a pu inventer de nouveaux modes d’échange. Des utilisations des outils de visioconférence et de partage ont permis de maintenir un degré élevé d’interaction en adaptant progressivement leur utilisation. Le climat d’entente entre les représentants est resté de très bonne qualité. C’est un fait très positif est agréable à relever.

Si j’ai un conseil à donner, c’est qu’il faut oser ! Prendre part à des groupes internationaux permet à notre communauté humaine de comprendre d’autres manières de travailler, d’être à l’écoute des échos du monde par la pratique. Une génération « Erasmus » commence à arriver dans nos rangs. Pourquoi ne pas prolonger dans le travail, cette formidable impulsion  envers l’échange et l’enrichissement mutuel ?

Il ne faut pas hésiter à rechercher des homologues dans d’autres pays et répondre à des appels à projet européen, et laisser de côté notre complexe bien français à l’égard de notre pratique imparfaite de l’anglais. Les autres n’ont pas si peur et s’en sortent très bien en malmenant la pureté de cette langue bien plus dans la réalité que nous le supposons. Et ça marche quand même… !

#1 L’Inist à l’International – Paolo Laï, partie prenante dans une « Taskforce » aidant à la réalisation d’EOSC